Un bout de Monde Anna Sand

04 | 07 | 15

Vidéos, sérigraphies, images numériques, installations…

Commissaire d’exposition : Anthony Lenoir

"Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer Anna Sand. J'ai déjà croisé certaines de ses sérigraphies, vu quelques archives, lu un ou deux écrits mais je n'ai jamais eu accès à son terrain de jeu. J'en suis donc toujours resté aux fragments qu'elle s'amuse à dévoiler. Ces petits morceaux d'une histoire qui se veut fictive, multiple et surtout sans fin.

Aujourd'hui, qui peut se targuer d'avoir déjà croisé Anna Sand ? Elle qui vit de l'autre côté de son miroir ne se donne à voir que par le prisme de ses photographies, de ses vidéos, de ses installations, et par tout ce qui lui permet de donner une existence matérielle à ses divagations. Comme dans tout bon roman, on ne connaît jamais vraiment le narrateur. On prend ce qu'il nous donne puis on extrapole.

Alors quand le directeur du Centre d’Art de Flaine m'a appelé pour me dire qu'Anna Sand était entré en contact avec lui et qu'elle m'avait désigné pour être le passeur de ses messages, je n'ai pas hésité.

Depuis, j'attends face au miroir.

Je ne suis pas seul. D'autres ont été convoqué. À nous tous, nous devrions réussir à explorer les recoins de ses pensées et ouvrir ainsi l'espace de la station à tous les possibles qu'offre l'envers du décor."

Anthony Lenoir, mai 2015

« Anna Sand n’est pas mon nom de naissance… Marguerite Sand et Anna Vandam étaient mes deux grands-mères. L’une avait épousé un architecte, l’autre un sculpteur. Chacune vivait dans un monde très différent. Petite fille, je me promenais d’un espace à l’autre, comme un trait d’union entre ces deux univers féminins.

Anna traversait humblement l’atelier, baigné de lumière, sous la verrière. L’odeur de la terre glaise nous transportait dans une forêt humide, les statues à son effigie semblaient effacer le temps qui marquait son visage. Les lignes courbes sur les volumes de terre nous promenaient d’un corps à l’autre. J’ai encore aux creux des mains la couleur et la matière de la terre molle et malléable.

Marguerite flânait dans son jardin multicolore aux parfums les plus subtils. Derrière les fenêtres, on pouvait voir les multiples tables à dessins qui arrivaient à peine à la hauteur de mes yeux de petite fille. J’apercevais des calques aux lignes droites et noires sans trop comprendre ce que cela représentait.

Entre l’architecture et la sculpture, les univers d’Anna et de Marguerite Sand, j’ai découvert les alignements, le volume, le plan et les courbes. Mais aussi et avant tout deux environnements si différents, deux grands-mères avec chacune leur douceur et leur mystères.

L’une m’emmenait au théâtre et au concert, l’autre me guidait au fond du jardin pour parler aux arbres et cueillir des noisettes. J’ai gardé un peu de chacune au fond de moi, et peut-être volé à chacune un fragment de leur identité. Elles me pardonneront sûrement… »

Geneviève Holvoet / Flaine juillet 2015

 

► Correspondance avec W.A. Mozart

 

 

Voir plus d'archives